TALK : ECHANGE AUTOUR DE LA PREMIERE VENTE AUX ENCHERES D'ART DURABLE

Les meilleurs moments de la rencontre en ligne du 25 mai 2021
Mai 25, 2021

Le 25 mai 2021, dans la cadre de la première vente aux enchères d’art durable organisée par ChangeNOW Community et Christie’s France, The Caring Gallery a convié Julia Gault, artiste, Caroline Venet, designer et Tim Zdey, street-artist, pour parler de leur travail.
Florence Manuguerra, fondatrice de The Caring Gallery, et Ronan de La Croix, Commissaire d’exposition à ChangeNOW, ont animé ce débat autour de l’art, de l’écologie et de l’intention de création.

 

« Cette vente inédite présente des œuvres sobres et fortes d’artistes qui façonnent le "déjà-là"»  Ronan de la Croix, Commissaire d'exposition à ChangeNOW.

 

DES OEUVRES RECYCLÉES ET RECYCLABLES

 

Julia Gault

Julia Gault : 

« Mon œuvre Où le désert rencontrera la pluie est constituée de contenants qui sont voués à s'effondrer grâce à l'eau. Ensuite, je récupère la terre, l’humidifie, puis je refais des contenants à partir de cette même matière. »

 

Caroline Venet : 

« Je réemploie les chutes de cuir, je m’intéresse au recyclage du cuir dans la création d'un nouveau matériau De ce fait, je valorise les flancs des peaux de cuir qui ont des formes très charnel, très organiques et qui sont constamment jetés par l'industrie de la maroquinerie ou de la mode. »

 

 

Tim Zdey :

« En fait, mon métier, c'est de peindre. J'aime m'essayer à d'autres choses et je voulais trouver un objet à habiller et à réhabiliter. C’était vraiment le but de ma démarche quand je suis allé dans cette casse sans vraiment savoir que j'allais trouver. »

 

L'ÉMERVEILLEMENT FACE A LA MATIERE

 

Julia Gault : 

« Dans mon travail, je parle de ce désir d’ériger la matière qui est un geste, pour moi, contre nature parce qu’il va à l'encontre de la gravité. C’est donc un travail très fatigant où mon corps est mis à rude épreuve. Les gestes sont répétitifs avec des matériaux lourds qui s'effondrent et que je dois relever. J’ai donc un rapport extrêmement physique avec mes sculptures et j'aimerais que les visiteurs, devant cette sculpture, ressentent l'action, le geste, le corps en négatif face à la matière. »

 

Caroline Venet : 

« Je travaille le cuir, c’est donc quelque chose d'assez charnel : c’est du peau à peau. C'est un médium qui est vraiment direct et doux, un peu addictif. J'ai aussi beaucoup travaillé avec la céramique, qui a aussi une charge affective assez importante. »

 

Tim Zdey : 

« C'est un modèle de voiture qui a été fabriqué avant 1997. Je l’ai trouvé dans une casse en superbe état, elle était poussiéreuse et pleine de terre mais complètement fonctionnelle. Même le moteur. Cette voiture avait au moins vingt-cinq ans, toujours en état de marche et laissée à l’abandon. J’étais très surpris. » 

 

UNE CONSCIENCE ÉCOLOGIQUE SPONTANÉE

 

Julia Gault : 

«  Le terme engagé réduit le sens du travail. Évidemment, dans ma pratique, il y la question du réemploi de la matière qui a sa place dans des thématiques écologiques. Mais je le fais parce que ça a du sens dans ce que je voulais dire en tant que sculptrice, Cela a évidemment un sens “durable” parce que je ne rachète pas, parce que je réutilise la même terre, mais ça a surtout du sens par rapport à ce que je veux dire au sujet de la matière,de cette transformation. On pourrait dire que c’est une démarche écoresponsable. Mais pas que. Et heureusement. »

 

Caroline Venet : 

« Mon engagement est quotidien. Il est dans ma pratique dans le choix du design, oui, mais c'est pas quelque chose que je revendique. Je pense que le design en 2021 impose une méthodologie ou une forme de pratique qui s'inscrit dans une nouvelle façon de consommer. Je ne suis pas là pour m'engager pour une cause particulière. C'est juste inné dans mon travail. »

 

Tim Zdey : 

« Si on trie nos déchets, si on fait attention à ce qu’on consomme, cela se répercute dans nos métiers. C’est nous-mêmes qui sourçons nos consommables. Donc oui, je le fais naturellement parce que j'estime qu'on doit tous le faire. À chacun notre niveau, professionnel ou personnel, mais je trouve que le mot engagement ne sert pas à grand-chose. »

 

L'INTENTION AU DE LA DE LA TECHNICITE

 

Julia Gault : 

« La question de la technicité pourrait être remplacée par la question du geste, de la démarche, du process. La démarche est plus importante que la technique : c’est l’intention, la poésie, c’est aller chercher un matériau spécifique pour dire quelque chose plutôt que d’expliquer une technique. C’est plus important de questionner notre société contemporaine que de comprendre comment une œuvre est faite. »

 

Caroline Venet : 

« Le process est au cœur de tous les projets. La matière est au cœur de chaque projet. Pour justement, ramener le vivant dans nos modes de consommation, dans nos intérieurs, dans l'objet, dans le mobilier, dans la scénographie, mais aussi dans la scénographie d'exposition. C'est cela qui se raconte. Toute l'histoire, en fait, plutôt qu'un format, un médium. »

 

Tim Zdey : 

« Je dirais que mon travail, en tant que street-artist, tous les murs que j’ai réalisés ne valent rien sans histoire. Souvent, j’explique aux habitants et je n'ai pas le choix : ça devient une aventure humaine. Mes peintures sont souvent assez simples graphiquement et c'est ce qui me permet d'emmener les gens dans la peinture, de leur prouver qu'ils sont capables de peindre. Au final, la peinture qu’on a réalisée est quelque chose de très simple, mais elle est belle et super riche d'histoire et de moments partagés. »

 

 

Ronan de La Croix, Commissaire d'exposition chez ChangeNOW

Florence Manuguerra, Fondatrice de The Caring Gallery

 

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